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Chapitre 3: Silver

Silver Sky, sanguinaire d'après ses dires, est la plus efficace pour le travail "vite fait bien fait"... Elle m'intriguait, c'est pour ça que je l'ai prise sous mon aile. Pour la plupart des gens, elle paraît froide et sans coeur, mais je suis sûre qu'au fond d'elle un parcelle de bien persiste, peut-être qu'un homme arrivera à le faire resurgir..


L’eau coulait sans discontinuer sur la peau diaphane…ruisselant délicatement sur les mains fines de la jeune fille qui se tenait là, vaguement appuyée sur le lavabo des toilettes pour dames. Encore une fois…le liquide effaçait tout, absolument tout…sauf ce qu’il fallait effacer. La jeune femme ferma les yeux, laissant échapper un léger sifflement d’entre ses lèvres entrouvertes.

Mais elle n’avait pas le choix…Un engagement était un engagement après tout. On pouvait répéter sans cesse que nous étions maître de notre destin, c’était un mensonge. Une immonde mystification que répétaient ceux qui étaient hauts placés pour faire croire au peuple des plus bas étages qu’ils étaient les responsables de leur propre misère…ou de leur propre honte.

« Tu le feras » avait dit la voix. Elle l’avait fait.

Elle avait tout fait, absolument tout…sauf ce qu’elle aurait aimé faire. Ou plutôt ce qu’elle aurait été fière de faire : pas qu’elle avait vraiment honte, non, elle n’était pas assez sensible pour cela. Non, elle aurait juste aimé…choisir elle-même ce qu’il lui arriverait le lendemain, sans qu’un psychopathe sanguinaire siphonné du chapeau –et pas qu’un peu…- ne vienne lui voler dans les plumes.

Mais elle n’avait pas le choix, hélas. On ordonnait, elle obéissait, et ce depuis quatre longues années maintenant.

Violemment, comme si cela pouvait changer quelque chose, la jeune femme étala une épaisse couche de savon sur ses mains, remontant sur les avant-bras…et glissant inexorablement sur la marque noirâtre ornant son bras gauche. Un rictus de satisfaction déforma le visage de la jeune fille, tandis qu’elle frottait encore davantage, irritant sa peau à force de passer dessus.

A quoi bon après tout ? La Marque des Ténèbres ne s’effacerait pas de sitôt, et il y était complètement insensé de nourrir l’espoir qu’elle ne disparaisse un jour. Malédiction éternelle, comme qui dirait… Engagement inviolable, condamnation perpétuelle.

Elle éclata d’un rire démoniaque avant d’éteindre d’un claquement de doigts le filet d’eau. « Tu divagues complètement, ma pauvre Silv’ » s’auto ricana- t-elle, avant de sécher ses mains ruisselantes d’un claquement de langue agacée.

Elle s’approcha alors du miroir, vérifiant qu’elle était présentable, et sourit.

Elle s’était toujours trouvée belle, comme la très modeste Serpentarde qu’elle était. Il fallait dire que d’avoir des cheveux argentés qui vous arrivaient aux reins et de magnifiques yeux verts avaient de quoi en espanter plus d’un, et elle en profitait sans vergogne, multipliant conquête sur conquête, soir après soir. Son teint était pâle, très pâle même, sans être maladif pour autant. Plutôt grande, sans pour autant envisager une carrière de mannequin qui ne l’aurait, de toute façon, jamais attirée, mince, trop selon certains : elle attirait le regard d’un simple coup d’œil, chose dont elle se passerait bien durant de nombreuses expéditions nécessitant une discrétion à toute épreuve.

Elle répondait au nom de Silver Sky, dite Silv’, Argent –admirez l’originalité du surnom- , Sa Majesté la Reine des Glaces ou encore « toi, la fille teintée là-bas ».

Ce à quoi elle répondait que la couleur était naturelle, et que la personne en question avait intérêt à se la fermer rapidement si elle ne voulait pas être la cible de son courroux. Dernière héritière d’une famille maudite de sang purs, tous aussi pervertis les uns que les autres. Famille maudite, puisque chaque membre était destiné à mourir d’un décès atroce ou particulièrement original. La règle avait été confirmée, puisque Silver avait aimablement assassiné l’intégralité de sa famille, pour ne pas l’avoir invitée au dernier réveillon de Noël. Rancunière, et pas qu’un peu en effet ! Etait-il nécessaire de préciser qu’elle avait commencé sa « besogne » à l’âge de trois ans en commençant par éliminer ses parents bien-aimés. Sa tante, l’ayant élevée jusqu’à ses onze ans, avait suivi le même chemin, rapidement rejoint au Noël des dix-sept ans de Silver par l’intégralité de la famille. Inutile de préciser qu’elle était à présent, du haut de ses vingt-et-un ans, à la tête d’une fortune que certains auraient qualifié de monstrueuse.

Songeuse, Silver s’arrêta quelques instants, laissant ses pensées s’égarer quelque peu, ne se souciant pas le moins du monde de l’heure qui tournait inexorablement. Le patron avait pourtant été clair : elle devait être de retour à 18 :00 précise, sous peine de sanctions. Autant dire qu’elle arriverait certainement à 19 :00, et que ledit patron s’écraserait comme le lâche qu’il était sous un regard glacial made in Slytherin.

Quoiqu’il serait dommage de gâcher une mission si bien entreprise jusqu’alors. Silver ricana à la simple pensée des dommages qu’elle avait causés avec une délectation effroyable. Dire que cela avait eu lieu dans un stupide lieu Moldu pourtant : un cinéma, si ses souvenirs étaient exacts. Sa mission consistait à trouver dans la foule un haut placé du Ministère de la Magie, un certain Georges Feath, et de l’éliminer dans les règles de l’art.

Un vrai jeu d’enfant…

*Flash Back*

Elle l’avait abordé alors qu’il sortait des toilettes. Adossée contre un mur, mâchonnant vaguement un chewing-gum qu’elle avait retrouvé dans une de ses multiples poches, Silver ne doutait pas une seconde que le vieux fonctionnaire puisse la manquer, d’autant plus qu’elle avait mis son dixième de sang Vélane en action…Comme elle s’y attendait, Feath était tombé dans ses filets aussi facilement qu’un chasseur touche un hippogriffe à 1 mètre.

« On se connaît Mam’zelle ? » lui demanda-t-il, alors qu’elle faisait nonchalamment éclater une bulle de son chewing-gum, retenant de peu une grimace de dégoût face à l’odeur rance que dégageait le quinquagénaire.

« Possible » répondit-elle, prenant un plaisir malsain à le faire mariner, tout en augmentant imperceptiblement le pouvoir de ses lointaines gênes.

« Peut-être nous somme nous déjà croisés au Ministère, j’y travaille vous savez… »

« Déjà, qu’est-ce qui te dit que je suis une sorcière, bouffon » pensa avec lassitude la jeune femme, avant d’adresser un sourire idiot à son interlocuteur. Elle avait appris, par expérience, que les hommes importants de ce genre se laissait plus facilement aller lorsqu’ils avaient l’impression de dominer leurs correspondants : rien ne valait donc une grimace enfantine pour faire tomber les défenses aveugles des hauts gradés.

« Possible » réitéra-t-elle, impavide, regardant un point lointain derrière Feath, surveillant du coin de l’œil les réactions de « sa proie ».

« Et…hem…comment-vous appelez vous ? »

« Et je te donne aussi mon numéro de téléphone ? » siffla-t-elle intérieurement. « Silver Sky » répondit-elle pourtant, sachant que ce genre d’informations ne lui porterait guère préjudice. Le vieil homme sembla se satisfaire de cette réponse, bien qu’il commença à se dandiner sur ses courtes jambes, mal à l’aise. Peut-être avait-il enfin remarqué qu’un sourire carnassier étirait à présent les lèvres de la jeune femme.

« Et…hem…vous faites quoi dans la vie ? »

Le sourire de Silver s’accrut davantage, tandis que ses yeux verts viraient lentement –mais sûrement- au rouge. Elle consulta négligemment sa montre, sous le regard curieux de sa future victime. « Trois minutes et quarante secondes » dit-elle soudain, alors que le vieil inconscient sursautait . « Record battu ! »

« Vous disiez, Mam ‘zelle ? »

« Oh, excusez-moi, Mr Feath – le vieil homme pâlit à l’appellation, réalisant que la jeune femme connaissait son nom alors qu’il n’avait jamais été question de lui dans la « conversation »-, j’avais complètement oublié votre question…Auriez-vous l’extrême amabilité de me la répéter, s’il vous plaît ? » souffla-t-elle avec lenteur, ponctuant ses paroles d’un sourire enjôleur.

« Oh, je…je… voulais juste savoir…votre…p…profession… »

« Ce que je fais dans la vie ? Mais vous devriez le savoir, Mr Feath, en tant que Président du Bureau de Surveillance des Orphelins Issu de la Communauté Magique…Rappelez-vous, vous aviez étudié mon dossier avec une attention exemplaire, je me trompe ? »

« Oh…et bien, vous savez, j’ai beaucoup de travail…mais c’est…heu…possible…vous de dites vaguement quelque ch…chose… »

« Vous mentez très mal, Mr Feath…et pas de chance pour vous, étant moi-même passée maître dans l’art du mensonge, je sais reconnaître un menteur quand j’en vois un. Si vous vous rappeliez réellement de moi, vous ne seriez pas là en train de me parler. »

« Ah bon…mais… »

« Si vous vous rappeliez réellement de moi, Mr Feath, le coupa-t-elle, vous vous seriez souvenue que je suis Tueuse à Gages au sein des Mangemorts ».

La lame d’argent avait siffla dans le silence oppressant du couloir…s’abattant avec grâce sur la gorge de sa cible, tranchant net peau, trachée, chair, éclaboussant sinistrement le carrelage immaculée de traînée écarlates.

Et elle était partie en ricanant, s’enfermant dans les toilettes pour dames afin de nettoyer toute trace de son crime, laissant là le corps inerte de qui avait été un membre éminent, influent et très apprécié du Ministère de la Magie.

* Fin du Flash Back*


Silver hâta le pas, marchant d’un pas sec et agressif le long de la rue, refermant une écharpe vert et argent autour de son cou, frissonnant bien malgré elle dans le froid sournois de cette mi-octobre. Pas qu’elle était frileuse, mais chaque meurtre qu’elle accomplissait avait le don de lui ôter un peu de son énergie dans l’heure suivant l’assassinat, et son immunisation contre le froid qu’elle avait naturellement développée, et qui lui avait fallu un de ses –nombreux- surnoms s’en trouvait affaibli.

Les enseignes brillaient aveuglément dans la quasi-pénombre, ou peut- être étaient-ce ses yeux encore fragilisés qui captaient mal la lumière et lui donnait un mal de tête incroyable.

Quoiqu’il en fut, elle étouffa un juron lorsqu’elle rata la marche du petit hôtel où elle résidait dans le Londres Moldu, et maudit de toutes les insultes qu’elles connaissaient –et Salazar savait comme elle était calée dans ce domaine- la porte vitrée qu’elle se prit de plein fouet.

Une secrétaire ronflait sur son bureau, laissant un vague filet de bave s’écouler sur les factures qu’elle était censée compléter. Silver soupira, avant de marmonner quelques mots de latin qui remplirent aussitôt chaque feuille d’une incroyable série de nombres, et calculs migraineux.

Puis, satisfaite, elle poursuivit son chemin. Surtout, ne croyez pas qu’il s’agissait là d’un geste de pure bonté et de générosité gratuite, vous pourriez vous mettre la baguette dans l’œil jusqu’au coude. Non…en fait, elle savait pertinemment que le propriétaire de l’hôtel n’attendait qu’une occasion pour virer sa secrétaire –« Non sans raisons d’ailleurs » sourit-elle, tout en sortant son trousseau de sa poche, arrivant en vue de sa chambre. Et il se trouvait qu’elle ne pouvait pas voir ledit propriétaire en carte Chocogrenouille. Certainement était-ce dû au fait qu’il lui rappelait trop Sirius Black, avec ses longs cheveux noirs et son sourire dragueur. Aussi loin qu’elle s’en souvenait, elle avait toujours exécré Black…plus encore, elle abhorrait les Maraudeurs en général. Mais un fait était indéniable, elle vomissait James Potter…et celui-ci le lui rendait bien ! Quatre ans qu’elle ne l’avait plus vu, depuis qu’elle avait quitté Poudlard au terme de sa dernière année, mais elle pouvait encore voir son sourire idiot et ses agaçantes manies à toujours se passer la main dans les cheveux.

Silver frissonna : tant de souvenirs peu agréables n’était pas le meilleur moyen pour lui faire recouvrer ses forces après son « boulot » et un entretien houleux avec son supérieur hiérarchique dans l’échelonnage mangemoresque. De toute façon, il pouvait bien se croire supérieur à elle, il allait se retrouver bien fin lorsqu’il trouverait la lettre de démission qu’elle avait prévu d’achever le soir-même. Bien sûr, se mettre Lord Voldemort à dos dans les temps qui couraient n’était certes pas la meilleure idée qu’elle eût pu avoir, mais elle était lasse d’obéir à un timbré de son genre. Quitta à continuer dans le meurtre de haute- voltige, elle préférait faire cavalière seule, c’était cent fois plus amusant…et gratifiant.

Elle sourit sadiquement, tout en insérant sa clef dans la serrure. Aussitôt, son sourire s’effaça…quelque chose n’était pas normal. Elle ouvrit la porte brusquement, baguette sortie, tous sens en alerte.

Une lampe allogène grésillait dans un coin de la pièce, alors qu’elle était certaine de l’avoir éteinte avant son départ. De plus, une cape pourpre avait été déposée sur son canapé, cape qu’elle n’aurait jamais possédée, détestant cordialement tout ce qui ressemblait de près ou de loin à du rouge et or –le sang mis à part bien évidemment.

Pourpre…le mot résonna effroyablement dans sa tête, et, horrifiée, elle fit volte-face.

Un Auror –elle ne s’était donc pas trompée- lui faisait face, la menaçant de sa baguette.

« Tiens donc, Black, ça faisait longtemps n’est-ce pas… ?
- Quatre ans, Sky, quatre longues années où je n’ai plus eu l’immense plaisir de te voir…Je t’ai beaucoup pleuré, tu sais. Mais je ne regrette pas d’avoir attendue aussi longtemps. Tu as plutôt changé…et ç’est encore plus agréable qu’avant, ricana-t-il, tout en se rapprochant de la jeune femme qui, au fur et à mesure, reculait.
-Toi, par contre, tu n’as pas changé…Toujours aussi stupide et séducteur ! souffla-t-elle, alors qu’elle se retrouvait savamment coincée entre un mur et le corps de son ennemi de toujours qui lui coupait toute retraite.
- Ne me dis pas que ça te déplaît, je ne te croirais pas. Ca fait un moment qu’on te surveille, au Ministère, et ta réputation ne m’indique pas que la séduction te répugne…Je me trompe ? railla-t-il, accentuant son sourire moqueur, alors qu’il encadrait de ses mains le visage de Silver.
- Libre à toi de croire ce que tu veux, Black, je n’ai jamais apprécié perdre mon temps avec toi, et tes élucubrations décousues m’agacent plus qu’autre chose », murmura-t-elle, ses lèvres à quelques millimètres de celles de l’ex Gryffondor, passant une main dans son dos en désespoir de cause pour s’échapper. Le Gryffondor sourit davantage encore, descendant une main sur les hanches de la jeune femme qui retint de justesse un sifflement dégoûté.

Mais qu’importe, tout à ses frivolités, Black lui avait libéré un côté, et elle profita de ce maigre espoir pour donner un sauvage coup de coude dans les côtés de son adversaire, qui réprima un hurlement, avant de vaciller, libérant totalement la Serpentarde. Silver plongea de côté, tendit la main vers un fin poignard posé sur la table basse…et se retrouva menottée en moins de deux. Violemment, celui qui l’avait ainsi immobilisée la retourna, et Silver étouffa un grognement sourd.

« Au nom de la loi Magique du 17 août 1966, vous, Silver Sky, êtes en état d’arrestation ».

Et il la traîna sans ménagement vers la sortie, où une escouade d’Aurors attendaient « la livraison de la suspecte ».

« Bien le bonjour à toi aussi, Potter » grimaça Silver, avant de suivre bien malgré elle l’Auror de ses cauchemars…








A suivre...